« Rien n’est impossible quand on a de l’audace »

Mar 18, 2019 | Accueil, Billets & Humeurs, Nos inspirations | 0 commentaires

D’une multinationale à une PME locale il n’y a qu’un pas. Ou plusieurs. Disons que pour Laurence Paganini, Directrice générale de Kaporal, la marque de textile marseillaise, c’est plutôt une course de fond. Une carrière qui demande endurance et persévérance. Et de voir toujours plus loin. A 54 ans, celle qui fut une des premières femmes directrices d’un hypermarché en France, directrice marketing de Carrefour, directrice générale de Marionnaud  puis des 3 Suisses, est aujourd’hui entrepreneure, à la tête d’une entreprise qui innove et qui exporte. Et elle s’arrête pour raconter aux Elles un bout de son parcours, de son histoire.

Les elles du Groupe BPCE : Comment l’aventure Kaporal a-t-elle commencé ?

Laurence Paganini : J’ai pu saisir cette belle opportunité grâce à Daniel Bernard, l’ex-Président de Carrefour, qui m’a présentée à TowerBrook, le fond d’ investissement détenant la majorité du capital de Kaporal. Daniel Bernard et Towerbrook voulaient investir dans une « petite pépite marseillaise » et m’ont demandé de les aider à mener les due-diligences … puis d’en prendre la direction générale tout en investissant à leurs côtés. J’ai donc laissé depuis 2013 mon statut de « Membre exécutif » dans des grands groupes internationaux pour devenir entrepreneure, à la tête, déjà à l’époque, d’une belle société familiale…

… qui s’internationalise à grands pas…

Oui, nous avons récemment signé des contrats de distribution au Canada et en Inde et un accord de licence en Corée du Sud, après avoir ouvert des filiales en Europe (Allemagne, Belgique, Espagne). Nous comptons aujourd’hui plus de 1200 portes chez les clients multimarques et 130 points de vente à l’enseigne Kaporal (succursales, franchisés, affiliés…) et réalisons un chiffre d’affaires facturé HT proche de 130 millions d’euros. Rien à voir avec les géants qui officient dans notre secteur mais un formidable projet qui se poursuit à belle allure.

Un formidable projet et bel exemple de la force du réseau ?

C’est effectivement une question de relations. Je crois beaucoup à la force du réseau et des rencontres. Pour pouvoir sortir de sa zone de confort et saisir sa chance lorsqu’elle se présente …

Savoir saisir sa chance…

Oui, j’ai eu de la chance mais aussi de l’audace. Le fait d’être une femme ne m’a ni aidée ni desservie. J’ai toujours eu des dirigeants hommes ; c’est eux qui ont brisé pour moi le plafond de verre. Mais c’est bien à mes parents que je dois ma réserve d’énergie quasiment inépuisable et la croyance que rien n’est impossible quand on a de l’audace.

Nous sommes tentées de vous demander : comment faites-vous pour tout gérer ?

C’est une question qu’on me pose souvent. J’ai vécu la première partie de ma carrière – jusqu’à 40 ans – en fonçant et en essayant de faire cohabiter la femme qui réussit avec la super épouse et la maman modèle … puis j’ai appris à me connaître et à prendre du temps pour moi, essentiel. Le choix de son compagnon de vie compte beaucoup pour l’équilibre. Je connais mon mari depuis 35 ans, nous sommes inséparables. C’est lui qui m’a donné toute cette liberté pour réussir comme j’en avais envie. Et je dois aussi beaucoup à mes deux fils qui illuminent ma vie.

Et oui, la responsabilité en tant que patron est grande : il faut savoir se projeter, tenir compte de ses salariés, de l’environnement de l’entreprise et de l’impact qu’elle a sur la société. Ce sont de gros défis à relever quotidiennement d’autant plus que tous les business model changent quel que soit le secteur d’activité. Le fait d’être une femme est plutôt une chance d’ailleurs, car de façon assez naturelle nous sommes vecteurs de changement. Malgré tout ce qu’on peut dire, je crois au leadership féminin, je crois qu’on peut le revendiquer, même si les modèles masculins s’imposent encore majoritairement. J’ai toujours gardé ma façon d’être, mon caractère, mes propres valeurs dans des milieux souvent très masculins. J’ai toujours fait ça : assumer ma différence. Ça m’a rendu beaucoup de services.

Un conseil pour nos elles du Groupe BPCE ?

Rester soi-même, oser (élargir son champ de vision, repousser les limites, bousculer les lignes, valoriser ses résultats), jouer collectif, booster son réseau et trouver des alliés. C’est ce qui m’a permis d’être là où je suis aujourd’hui.