« Si je suis là où je suis aujourd’hui, c’est vraiment le pur hasard », explique aux elles du Groupe BPCE Françoise Lemalle, de façon tout à fait naturelle. Pur hasard, vraiment ? Entrepreneure depuis plus de 30 ans, la présidente du conseil d’orientation et de surveillance (COS) de la Caisse d’Epargne Côte d’Azur, expert-comptable et commissaire aux comptes, à la tête d’un cabinet de 24 salariés, peut éventuellement plaider l’existence de circonstances favorables, tout au plus, mais le hasard …
Les elles : Votre histoire avec la Caisse d’Epargne a commencé il y a 20 ans, en 1999, au moment où elle adoptait le statut de banque coopérative, racontez-nous ?
Françoise Lemalle : C’est pour cela que je parlais de hasard ! À l’époque j’étais trésorière de l’association femmes chefs d’entreprises qui avait son compte courant à la Caisse d’Epargne. Un conseiller m’appelle. Il cherchait des femmes chefs d’entreprises pour être administrateur de la banque. Voilà comment a débuté l’histoire … un concours de circonstances.
Vingt ans plus tard, l’administratrice est devenue présidente de COS, présente aux conseils de surveillance de BPCE et de Natixis, c’est un parcours qui n’a rien d’anodin …
Oui, mais je l’ai fait sans objectif. Je me suis prise au jeu. Ça m’a permis de mieux comprendre mon propre métier et de faire de la pédagogie auprès de mes clients. Quand la Caisse d’Epargne porte le message « Vous être utile », cette volonté, je la transmets aussi dans mon activité au quotidien. Et effectivement, tout s’est fait naturellement. Très vite je suis devenue vice-présidente d’une société locale d’épargne (2003) puis présidente de COS (2015) avant de représenter la Caisse d’Epargne Côte d’Azur dans les instances nationales. Aujourd’hui j’essaye de partager mon agenda entre mes deux fonctions mais force est de constater que je dédie une grande partie de mon temps à la banque…
Difficile de concilier plusieurs vies ?
De mon point de vue, on ne concilie pas différentes vies. C’est une seule vie, avec des interactions permanentes entre nos diverses activités. Il faut tirer profit de toutes nos expériences. Le terme « conciliation » sous-entend l’idée de faire des sacrifices. Il ne faut pas que ce soit vécu comme tel. On me pose souvent la question dans les écoles : « Comment arrivez-vous à gérer votre carrière d’expert-comptable et votre vie familiale ? » Je trouve la question tellement ringarde… Pourquoi les jeunes ont-ils encore ce type d’interrogations ? C’est tellement stéréotypé…
Rien de bien nouveau…
Exactement, rien de nouveau. La proportion de femmes expert-comptable n’a pas beaucoup évolué en 30 ans, les mentalités n’ont pas vraiment changé non plus. C’est aussi pour cette raison que j’étais et je suis favorable à la loi Copé-Zimmermann; ça a permis de faire avancer les choses du côté des conseils. Mais ça ne règle rien du côté exécutif. Il fallait, il faut encore.