Elisabeth Vuillaume – « Faites bloc entre vous, soutenez-vous ! »

Mar 22, 2017 | Billets & Humeurs, Nos inspirations | 0 commentaires

Nous avons eu la chance de pouvoir échanger avec Elisabeth Vuillaume, Secrétaire Générale d’Énergies de Femmes, le réseau des femmes du groupe EDF, depuis 2011. Elle nous livre sa vision de la mixité dans un grand groupe comme EDF, nous parle de ses actions et de son expérience. C’est également l’occasion de pouvoir partager, exceptionnellement, le regard de la marraine et du parrain d’Énergies de Femmes sur ce que ce réseau de femmes a pu apporter à leur entreprise.
Lisons un peu…

photo-elisabeth-vuillaumeDans votre parcours professionnel votre« statut » de femme a-t-il été un atout pour vous ?

Je travaille dans une entreprise très technologique avec une majorité d’hommes, 75%, et de profil technique ou ingénieur. N’étant ni homme, ni ingénieur, être légitime et crédible pour une femme ce n’est pas facile. Être une femme n’est pas un atout. Je dirais plutôt que c’est un challenge !

Quelles sont les trois principales qualités ou traits de caractères qu’une femme doit réunir pour mener à bien sa vie professionnelle ?

Qui dit vie professionnelle dit parcours, réussites, rencontres, challenges.., mais aussi, obstacles, difficultés, changements…Je pense que pour bien mener sa vie professionnelle, il faut être claire sur son niveau d’ambition et sur sa capacité à prendre des risques. Il faut aussi être persévérante et avoir une bonne capacité de rebond. Je pense aussi à une qualité qui est à mon avis encore plus nécessaire qu’il y a 10 ans : être adaptable rapidement.

Mais je pense qu’on ne peut pas avoir une vie professionnelle équilibrée si on n’a pas un bon équilibre familial. C’est important d’avoir un conjoint qui vous soutient et qui peut prendre le relai. C’est aussi important d’être organisée et d’avoir quelqu’un qui s’occupe de ses enfants quand on n’est pas là. Cela demande des sacrifices, mais c’est indispensable. On ne peut pas être partout, sereinement.

Quels conseils aimeriez-vous partager avec les « Elles du Groupe BPCE »

Même dans les entreprises à majorité féminine, on voit bien que le comex devient majoritairement masculin. Les femmes aussi compétentes soient elles ont du mal à percer. Il y a dans nos entreprises, et les enquêtes du Conseil Supérieur à l’Égalité Professionnelle le prouvent, du sexisme et de la discrimination. Face à cela il faut que les femmes, sans agressivité, soient conscientes de cela.

Le conseil que je donnerais à des femmes ? « Ne vous mettez pas la pression continuellement pour être la meilleure, soyez consciente de vos forces et apprenez à les valoriser. Sachez qui vous êtes et ce qui vous motive. Ayez des mentors, réseautez, faîtes-vous connaître, profitez de l’expérience des autres. Vous verrez, vous gagnerez du temps et vous gagnerez en efficacité. »

Je leur dirais aussi : « Faites bloc entre vous, soutenez-vous !  Faites comme les collaboratrices d’Obama qui renchérissaient toujours sur ce qu’avait dit une collègue ». Faire bloc c’est aussi s’entraider. C’est pourquoi nous proposons à nos membres de participer à des séances de co-developpement. C’est un excellent moyen d’avoir autour de soi un groupe qui peut vous accompagner et vous aider à prendre du recul et à prendre des décisions en toute confiance, bienveillance et confidentialité Le co-développement permet à chacune de profiter des expériences des autres.

Il faut aussi apprendre à savoir dire NON. Très souvent en tant que femme nous voulons tellement prouver nos capacités et nos compétences, que nous acceptons tout. Nous voulons être parfaite en tout. Nous nous trompons ! Nous ne sommes plus notées comme à l’école. Donc ça ne sert à rien de vouloir être la première de la classe. Savoir dire NON c’est : savoir gérer les priorités, ne pas vouloir tout prendre, ne pas décider à la place de l’autre car peut-être qu’on interprète.  C’est aussi savoir dire à son patron « tout m’intéresse mais je ne suis pas en capacité de tout faire : quelles sont vos priorités ?».

C’est aussi dire NON à son mari et à ses enfants. Savoir déléguer à ses collaborateurs et à la maison ! C’est accepter que tout ne soit pas parfait , c’est savoir lâcher prise c’est ne pas se mettre une pression démesurée et en toute circonstance.

En tant que manager, la perfection n’est pas utile si on n’emmène pas l’équipe avec soi. Je pose souvent trois questions aux manageuses avec qui j’échange : « Est-ce que vos collaborateurs sont heureux ? », « Est-ce que vous les faites grandir », « Est-ce que vous, vous êtes heureuse ? ». Et si on répond NON à une de ces questions il faut travailler un peu sur soi…

Un dernier conseil ? «  Ne lâchez jamais ! ».

Auriez-vous une anecdote marquante à partager avec nous à ce sujet ?

J’en ai deux. Il y a quelques années, lorsque j’ai demandé une augmentation, mon patron  m’a répondu « Mais pourquoi faire votre mari gagne bien sa vie ! »… J’ai alors répondu « vous avez raison je travaille pour mes cigarettes, et comme je ne fume pas c’est tout bénéfice pour moi ! ». Il m’a regardé et il a compris…

J’ai eu un patron DRH qui un jour m’a dit « j’adore travailler avec des femmes . Ce sont de bonnes bosseuses et elles ne demandent rien ». C’est vrai, il ne fallait rien lui demander… Mais tout ça c’était avant….

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photo-marianne-laigneauMarianne LAIGNEAU, Directeur des Ressources Humaines du Groupe EDF  et marraine du réseau Énergies de Femmes

« Pour vous, qu’est-ce que le réseau Énergies de Femme a pu apporter à votre entreprise ? »

Le réseau existe depuis 12 ans et est donc bien ancré dans le paysage de l’entreprise. Il s’agit d’un réseau de partages et d’échanges qui poussent à favoriser la mixité, c’est aussi et surtout un facteur de performance car il participe à la mise en œuvre de la stratégie de l’entreprise.

Le réseau est soutenu par la Direction, par des sponsors (parrain et marraine) et par des moyens financiers mais est totalement autonome dans son animation et ses actions : des propositions à la DRH, des méthodes et des groupes de travail propres, une ouverture à d’autres réseaux, un soutien aux femmes dans leur parcours professionnel etc.

D’ailleurs, les objectifs du réseau rencontrent totalement les objectifs de l’entreprise sur le champ de l’égalité professionnelle. Les premiers accords signés avec les partenaires sociaux sur l’égalité professionnelle datent de 2004. Nous étions précurseurs et avons une longue tradition d’accords sur l’égalité professionnelle qui nous permettent d’avancer. Nous sommes fiers d’avoir réalisé, notamment, l’égalité de traitement (rémunération, accès aux formations et aux parcours) entre les hommes et les femmes à poste équivalent. Nous avons également travaillé sur la féminisation des embauches : 30 % des embauches dans les métiers techniques sont des femmes (supérieur au taux des femmes diplômées d’écoles d’ingénieurs ou de formation de techniciens). Nous avons, par ailleurs, pris un engagement sur la féminisation des Comités de Direction avec une progression de 25 % de femmes en plus en 5 ans.

L’entreprise a également pris des décisions fortes comme doubler le nombre de ses femmes dirigeantes en 4 ans, et d’avoir un taux de  30 % de femmes administratrices des principales filiales du Groupe.

Enfin, la DRH travaille conjointement avec Energies de Femmes sur les actions de sensibilisation de lutte contre les stéréotypes et sur la prévention du sexisme.

En résumé, Energies de Femmes est un réseau actif, vivant, à la fois soutenu et indépendant, force de proposition, qui n’est pas constitué que par des dirigeantes, très présent en régions et très en lien avec les réseaux des filiales dans le Groupe.

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photo-dominique-miniereDominique MINIERE, Directeur du Parc Nucléaire et Thermique Groupe EDF et parrain du réseau Énergies de Femmes

« Pour vous, qu’est-ce que le réseau Energies de Femme a pu apporter à votre entreprise ? ».

Je me pose un certain nombre de questions sur la mixité depuis que je suis manager et notamment lorsque j’étais directeur de centrale.
En effet, je crois fondamentalement aux collectifs mixtes, c’est extrêmement important pour l’efficacité globale d’une entité, pour son équilibre et pour la manière dont les collaborateurs travaillent ensemble et coopèrent. La mixité, de ce point de vue, permet d’avoir la richesse des deux approches et des deux sensibilités. Dans nos organisations, aujourd’hui, nous réussissons, avant tout, par le collectif plus que par la relation one to one. C’est, donc, important d’avoir des collectifs soudés qui coopèrent qui sont beaucoup plus puissants et qui réalisent mieux les objectifs.

 Considérant ce point de vue, il y a deux ans, le réseau Energies de Femmes m’a approché pour que je fasse une présentation sur les enjeux de la mixité plus particulièrement sur mon périmètre, le parc nucléaire et thermique du groupe. Puis le réseau m’a posé la question « que peut-on faire pour vous ? ». Je leur ai, alors, commandité une étude sur le sujet suivant : Au sein de ma direction (au niveau central et en unités de production), au niveau du management de direction, les femmes n’étaient pas assez représentées et je souhaitais comprendre la raison de cette situation et quels étaient les leviers pour changer les choses ?

Comprendre pourquoi, dans ma branche, alors qu’on embauche environ 30 % de femmes cadres, alors qu’on voit des évolutions symétriques de carrière jusqu’à des postes à responsabilité intermédiaire, pourquoi y-a-t-il un véritable décrochage sur la féminisation des Comités de Direction où on ne retrouve plus qu’en moyenne, 10 % de femmes.

Je voulais comprendre pourquoi et mettre en œuvre des solutions pour ne pas « perdre » ces femmes qui ont un vrai potentiel quand elles arrivent à des postes à responsabilités intermédiaires et que, de toute évidence, nous « perdons » quand elles ont entre 30 et 40 ans.

Nous avons mis le doigt sur un sujet, qui est suivi par l’entreprise et le réseau, qui est la période de parentalité d’enfants en bas âge. En effet, durant cette période, les femmes perdent parfois confiance en leur capacité à prendre des postes à responsabilité. Il faut qu’on y travaille. Notamment, dans ma filière, ne pas systématiser cette exigence de mobilité tous les 3-4 ans pour être considéré « à potentiel ». Nous devons adapter nos règles et notre façon de faire pour faire face à une situation qui change. Je ne sais pas changer la société mais je pense que nous pouvons changer la manière dont on se comporte dans nos entreprises. C’est à notre portée.

Energies de femmes m’a apporté toute cette analyse et aujourd’hui je m’apprête à travailler, avec le réseau et mon Comité de Direction, à la mise en œuvre d’actions qui pourraient faire évoluer les choses.  Je suis donc ravi de bénéficier des apports et du soutien du réseau et c’est, à chacun, à notre niveau, d’essayer de faire bouger les choses.

 

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